Avec cette composition délicate, Paul Sérusier nous transporte dans un paysage bucolique baigné d’une lumière vaporeuse.
Deux jeunes bretonnes dialoguent sur une colline verdoyante, incarnant la simplicité et l’harmonie de la vie rurale. L’une, debout, manipule un tissu rose tandis que l’autre, assise, semble engagée dans la conversation, sa jupe ocre contrastant avec le vert omniprésent. Les silhouettes élancées des cyprès et la douce ondulation des collines créent un arrière-plan presque onirique, enveloppé d’une brume bleutée caractéristique. La palette sourde, ponctuée d’accents vifs comme le rouge pointillé de la jupe et l’orange chaud, révèle l’influence du synthétisme. Sérusier transcende ici la simple représentation pour atteindre une vision poétique, presque mystique, de la Bretagne qu’il affectionnait tant.
Pour aller plus loin
- Brumes du matin, de Paul Sérusier, entre 1907 et 1909
- 65.3 x 50.5 cm
- Paris Musées, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris
- https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/brumes-du-matin
Paul Sérusier (1864-1927), figure emblématique du mouvement nabi, fut transformé par sa rencontre avec Gauguin en 1888, qui l’encouragea à peindre son célèbre « Talisman ». L’œuvre présentée ici, réalisée entre 1907 et 1909, correspond à sa période bretonne, quand il séjournait régulièrement à Châteauneuf-du-Faou.
Fasciné par la spiritualité et les traditions locales, Sérusier développa alors une esthétique alliant simplification des formes et couleurs symboliques. Son art, nourri de théosophie et d’ésotérisme, cherchait à révéler l’essence cachée de la nature, au-delà des apparences. Ce tableau témoigne parfaitement de sa quête d’une peinture transcendantale, où chaque élément visuel peut être porteur d’une signification spirituelle profonde.