
Le Parlement de Londres (1900-1901) illustre la maturité impressionniste de Monet lors de ses séjours londoniens.
Peinte depuis la terrasse de l’hôpital Saint-Thomas, elle capture le Parlement dans l’atmosphère vaporeuse du crépuscule. L’artiste dissout l’architecture gothique dans un voile de brume colorée où dominent les tons bleus et mauves. Cette vision poétique s’inscrit dans la lignée de Turner, qui immortalisa l’incendie de 1834 depuis un point de vue similaire, mais révèle surtout l’influence de Whistler et ses « Nocturnes » londoniens. Monet transcende la simple topographie pour saisir l’âme brumeuse de Londres, transformant la pollution industrielle en symphonie chromatique. Les contours architecturaux se dissolvent dans la lumière changeante, privilégiant sensation sur description. Cette série témoigne de l’évolution de l’impressionnisme vers l’abstraction naissante, où la réalité objective cède place à l’expression pure de la lumière et de l’atmosphère dans leur perpétuelle métamorphose temporelle.
Pour aller plus loin
- Le Parlement de Londres, 1900–1901, par Claude Monet
- 81.2 × 92.8 cm (32 × 36 9/16 in.), huile sur toile
- The Art Institute of Chicago, exposé en Peintures et sculptures européennes, galerie 243
- https://www.artic.edu/artworks/16584/houses-of-parliament-london
Claude Monet (1840-1926) révolutionna l’art occidental en fondant le mouvement impressionniste. Né au Havre, initié par Eugène Boudin à la peinture en plein air, il développa une approche révolutionnaire privilégiant la captation directe des effets lumineux. Ses séries explorent les variations chromatiques selon l’heure et les saisons. Installé à Giverny dès 1883, il y crée son jardin d’eau et ses célèbres bassins aux nymphéas. Ses campagnes londoniennes (1899-1901, 1904) produisent une centaine de toiles sublimant la Tamise industrielle. Précurseur de l’art moderne, Monet libéra la couleur de sa fonction descriptive pour en faire l’expression pure de la sensation visuelle, ouvrant la voie aux avant-gardes du XXe siècle.