Goya : El Maragato menace le frère Pedro de Zaldivia avec son arme

El Maragato menace le frère Pedro de Zaldivia avec son arme, vers 1806, par Francisco José de Goya y Lucientes
El Maragato menace le frère Pedro de Zaldivia avec son arme, vers 1806, par Francisco José de Goya y Lucientes

El Maragato menace le frère Pedro de Zaldivia avec son arme témoigne de l’intérêt de Francisco de Goya pour les faits divers contemporains et la culture populaire espagnole.

Peinte vers 1806, cette œuvre appartient à une série de petits tableaux narratifs inspirés de la capture du célèbre bandit El Maragato par le courageux frère Pedro de Saldivia. La scène saisit l’instant dramatique où le criminel, armé d’un fusil, menace le religieux. El Maragato, vêtu de bleu et d’ocre, dans une posture agressive, fait face au moine en habits bruns, apparemment soumis mais secrètement déterminé. Goya maîtrise parfaitement les effets de clair-obscur, concentrant la lumière sur les figures principales tandis que les témoins se dessinent en silhouettes floues à l’arrière-plan. Cette technique révèle l’influence de Caravage tout en annonçant le réalisme moderne.

Pour aller plus loin

Francisco José de Goya y Lucientes (1746-1828), peintre aragonais, demeure l’une des figures les plus complexes et influentes de l’art européen. Formé dans l’atelier de José Luzán puis à Madrid auprès d’Anton Raphaël Mengs, il devient rapidement peintre officiel de la cour d’Espagne. Sa carrière traverse des bouleversements politiques majeurs. Cette instabilité nourrit une œuvre protéiforme oscillant entre portraits courtisans brillants, scènes de genre et visions cauchemardesques. Il développe un langage pictural plus personnel et critique, culminant avec les Caprices, les Désastres et les Peintures noires. Précurseur du romantisme et de l’art moderne, Goya influence durablement Manet, Picasso et l’expressionnisme par sa liberté technique et sa capacité à sonder les abîmes de la condition humaine. Son génie réside dans cette synthèse unique entre tradition et modernité.