
Portrait d’un jeune homme révèle toute la sophistication maniériste de Bronzino dans cette œuvre saisissante des années 1530. Le regard direct et quelque peu hautain du personnage, dont l’identité demeure mystérieuse, témoigne de son appartenance à l’élite florentine cultivée.
Le noir profond du pourpoint aux reflets chatoyants, rehaussé d’un col de dentelle, contraste avec la carnation nacrée du visage juvénile. Bronzino, fidèle à l’esprit maniériste, distille une inquiétante étrangeté par les grotesques sculptés sur le mobilier – ces visages difformes qui semblent observer le spectateur. Ces masques hideux, hérités de l’art décoratif antique, créent un dialogue troublant avec la beauté lisse du modèle, suggérant que cette perfection apparente pourrait elle-même n’être qu’un masque social, une façade soigneusement orchestrée.
Pour aller plus loin
- Portrait d’un jeune homme, par Bronzino (Agnolo di Cosimo di Mariano), Années 1530
- 37 5/8 x 29 1/2 in. (95.6 x 74.9 cm), huile sur bois
- The Metropolitan Museum of Art, Fifth Avenue, New York, exposé galerie 612
- https://www.metmuseum.org/fr/art/collection/search/435802
Agnolo di Cosimo di Mariano, dit Bronzino (1503-1572), incarne l’art de cour florentin à son apogée. Élève de Pontormo, il devient le portraitiste officiel des Médicis. Poète lui-même, ami des lettrés de son temps, Bronzino insuffle à ses œuvres une dimension littéraire sophistiquée, mêlant références antiques et allégories complexes.
Formé dans l’atelier de Jacopo Pontormo dès 1515, Bronzino assimile rapidement les codes du maniérisme naissant tout en forgeant sa propre esthétique. Sa carrière prend son envol sous le patronage de Cosme Ier de Médicis, dont il devient le peintre attitré vers 1539. Maître de la « sprezzatura » – cette nonchalance étudiée chère à Castiglione – il fixe les fastes de la cour ducale florentine. Homme de culture, fréquentant les cercles humanistes, il compose des sonnets raffinés et entretient une correspondance avec les grands esprits de son époque.